Un peu d'Histoire pour ceux qui aiment les histoires.
Au cœur de la Brie, un petit village aux champs nets qu'on a autrefois surnommé Champcenetz et qu'on appelle aujourd'hui Champcenest.
Parce qu'il fallait faire champs nets et abattre les chênes et les frênes de la dense forêt briarde autour de chez nous afin d'y cultiver l'orge et le blé sur la terrrrrrre glaiseuse que foulent encore les machines des agriculteurs du terroir.
Une forêt où, les chaperons du moyen âge croisaient souvent compère loup et frère ours sur le chemin des foires de Provins (celui des conteneurs à bouteilles et des poubelles).
Ces foires incroyables où on pouvait croiser le gratin de la Chevalerie Française entre les échoppes de draps de laine aux mille couleurs, celles aux épices venues d'Orient et celles des maroquineries de Cordoue.
Ah ! Ces fiers Briards, compagnons d'armes hors pair du fabuleux Thibault de Champagne !
Ces chevaliers qui, premiers partis pour la croisade, prendront Jérusalem et feront écho au fil des siècles d'une époque où la Brie vivait ses heures de gloire !
Bien avant celles plus sombres de la guerre de cent ans où leurs descendants restés fidèles au petit Roi de Bourges et à la Pucelle de Lorraine, ne cesseront d'être harcelés, assassinés et leurs chaumières et châtelets brûlés par les traîtres de Bourguignon, alliés maudits du perfide roi d'Angleterre....
Mais revenons a Champcenest.
Un patelin qui, comme celui d'Astérix n'a jamais compté plus de 300 âmes mais qui avait son Château que l'on imagine plus aujourd'hui.
Château brûlé pendant la révolution dont je devine le passage secret perdu dans la forêt du Buisson. Un château et ses seigneurs qui deviendront marquis sous Louis XIV grâce à quelques « confortatifs » sexuels prescrits par un ancien barbier inventif pour améliorer les relations extra-conjugales de sa Majesté très virile.
Un Barbier né François Quentin devenu premier Valet de chambre du roi, anobli, élevé au rang de Marquis et enterré dans la chapelle mortuaire de notre église en sommeil.
Notre premier Marquis était coquin, notre dernier Louis René Quentin de Richebourg de Champcenetz, dit le « chevalier de Champcenetz »
sera libertin journaliste et moqueur.
Vieux parents, en vain vous prêchez:
Vous êtes d’ennuyeux apôtres:
Vous nous fîtes pour vos péchés,
Et vous vivez trop pour les nôtres[.]
Officier des gardes Françaises, il désertera après les événements du 10 août 1792 pour écrire et chanter des pamphlets anti-républicains. Son insolence le fera monter sur le dos de dame guillotine en 1794 où il dira avec son plus beau sourire narquois à Fouquier-Tinville, juste avant de perdre la tête :
«En est-il de ceci comme du service de la garde nationale, peut-on se faire remplacer ? »
Quel Panache ce Champcenetz!!
Nous aurions été amis, j'en suis certain !
S.Philippe